Les Moulins disparus de Luçon

Autrefois, la plaine de Luçon était parsemée de moulins à vent « tournants » et la ville de Luçon n’y dépareillait pas.

Il était normal que la capitale de la plaine, terre céréalière par excellence et port d’exportation, puisse bruisser du souffle des ailes de ses moulins. Déjà, sur le plan de Siette (1648) on peut en dénombrer 9. Le plan de Masse (1704) et la carte de Cassini (milieu XVIIIe siècle) en comptent une quinzaine. Sur le cadastre napoléonien de 1815, Monsieur Babin* en relève 17, auxquels il faut rajouter, à la périphérie, le moulin Raiteau (18)**. Sur le cadastre de 1845 deux avaient disparu : la Moulinette (15) et le moulin du Couvent (11). Les autres disparurent tout au long de la deuxième moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle, victimes du développement de la mécanisation et de l’extension urbaine de Luçon dont la surface bâtie fit plus que doubler en trois-quarts de siècle. C’est pour cela, qu’aujourd’hui, le paysage luçonnais ne porte aucune trace de ces moulins si ce n’est celui partiellement reconstitué de la Rochette (17) sur la route des Sables, face à Intermarché. Seuls quelques noms de rue sont là pour les évoquer : rues du Grand Moulin, du Moulin Fromentier, du Moulin Garnier, du Moulin Pille, du Moulin Rouget, du Petit Moulin et de la Moulinette. La rue des Meuniers, comme une sorte de symbole, rappelle l’importance passée de la meunerie luçonnaise de même que la Minoterie, sur le « Port », rappelle l’importance qu’a eu le trafic céréalier dans le trafic portuaire (encore plus de 80% des exportations en 1896). La plaine de Luçon reste pourtant une terre céréalière par excellence comme les silos de la Cavac le signalent régulièrement. Mais, même dans cette plaine les moulins sont maintenant quasi invisibles. Des lieux-dits en maintiennent encore le souvenir : moulin Malaguet aux Magnils Reigniers, moulin Raclet à La Bretonnière, moulin Rabaud à Péault etc. Néanmoins quelques corps démembrés subsistent et montrent leur tour nue tels, par exemple, le moulin de la Tabarière à La Couture, celui des Fontenelles à Lairoux –mais, n’était-ce qu’un moulin ?- ou encore, en cours de rénovation, celui de Nalliers. Quelques moulins à eau, par contre, luttent contre l’oubli comme, sur la Smagne, ceux de Rassouillet et de Mainclaye.

Ces moulins, aujourd’hui disparus, où étaient-ils à Luçon ? La cartelu on implantation anciens moulins 240px y répond. On remarquera d’abord qu’ils sont tous implantés, à une exception prête, au nord de la traverse que constituait la route de Fontenay le Comte aux Sables d’Olonne.

Ainsi, d’est en ouest, peut-on citer d’abord le moulin Rouget (1), qui était posé sur une butte, le Grand Moulin (2) et le Petit Moulin (3) (parce qu’il était situé sur l’ancienne petite rue du Grand Moulin ?).
Plus au nord un groupe de cinq moulins comprenant le moulin Nantais (4), lui faisant face le moulin de la Grenaudière (5), qui rappelle le souvenir de la dynastie des meuniers Renaud originaire d’Aunis, puis le moulin Neuf (6), le moulin de la Coudraye (7), ce nom évoque celui de la famille du seigneur de la Coudraye dont un membre fut syndic de l’Assemblée municipale de Luçon en 1787, et le moulin de Paris (8). Ce dernier devait probablement son nom à un monsieur Paris qui était receveur de la Ferme des tabacs et propriétaire de l’entrepôt des tabacs et de terrains dans ce quartier de Luçon.
Au nord-ouest on trouvait le moulin Massonaud (ou Massonnet) (9), le moulin Rouge (10), sur la route de La Roche, le moulin Garnier (12), du nom d’une très vieille famille luçonnaise, le moulin Méturier (13) et le moulin Fromentier (14).
Le moulin du Couvent (11) était construit dans le domaine de la Clémencière sur lequel s’installa, au XVIIe siècle, le couvent des Ursulines, dont le plus beau fleuron reste, de nos jours, la chapelle des Ursulines.
Enfin, sur la route des Sables, en quittant Luçon, on pouvait trouver la Moulinette (15), le moulin Pantalon (16) et le moulin de la Rochette (17). Le moulin Pantalon est lui aussi lié à la dynastie des Renaud. Son appellation se rattacherait-elle à d’anciennes figures de danse, qui restèrent longtemps présentes dans la quadrille vendéen ? Nos meuniers faisaient bien la fête de temps en temps, quand même.
Cette longue énumération des derniers moulins de Luçon évoque un pan entier du passé économique, social et patrimonial de la ville, dont l’histoire reste à écrire.

 Notes

* in « Moulins à vent et meuniers luçonnais », conférence de Mr Edmond Babin, Amis du Vieux Luçon
** les numéros renvoient aux numéros d’implantation des moulins sur la carte jointe

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